Santé des écosystèmes

L’écosystème du Saint-Laurent est exposé aux aléas d’origines naturelles ou anthropiques, parfois nombreux et surtout très variables selon leur localisation sur le vaste territoire québécois et dans le temps. L’urgence climatique, le développement des activités humaines (agricoles, forestières, urbaines, industrielles) entraînent inévitablement des pressions sur les écosystèmes du Saint-Laurent, leur productivité, leur biodiversité et leur pérennité. Par ailleurs, ces écosystèmes constituent une source majeure de ressources naturelles pour la société québécoise, qu’il s’agisse des ressources halieutiques, énergétiques ou encore des bioproduits utilisés par les communautés humaines. La complexité des relations entre l’écosystème Saint-Laurent et tout ce qui découle des activités humaines impose la réalisation d’inventaires récurrents pour documenter les caractéristiques biotiques et abiotiques, le fonctionnement, la vulnérabilité et la nature des interactions au sein des systèmes socioécologiques et un suivi dans le temps de leur dynamique et leur évolution. Ces connaissances permettront d’éclairer les décideurs dans la mise en œuvre de stratégies de restauration et de protection des milieux naturels, incluant les sols, les berges et les habitats, dans une optique de développement durable.

Santé, bien-être et vitalité des communautés humaines

Vu sous l’angle des communautés côtières, riveraines, insulaires et rurales qui sont en relation avec les ressources et l’environnement maritimes, il ne pourra y avoir de santé, de planification et de gestion durables que si les questions de gouvernance, de cohésion sociale, de participation, d’équité sociale, territoriale et intergénérationnelle, de valeur ou d’éthique, de réconciliation, de résilience face aux changements climatiques, d’autonomie et de sécurité alimentaire, pour ne nommer que celles-ci, sont considérées dans les mécanismes de prise de décision et dans l’élaboration des politiques publiques de développement de l’environnement maritime. Les enjeux de santé publique et de ses déterminants socioécologiques en contexte maritime sont également fondamentaux. Par exemple, la santé des écosystèmes maritimes et des espèces qui y vivent, le contact avec la nature et les transformations rapides de l’environnement maritime et côtier (p. ex. : sinistres, érosion, installations portuaires, etc.) sont susceptibles d’avoir des répercussions complexes sur l’état de santé physique, psychologique et psychosocial des individus, des groupes plus vulnérables, des travailleurs et des travailleuses et de la population québécoise dans son ensemble. Parties intégrantes des systèmes socioécologiques, les enjeux historiques, culturels, économiques, sociologiques, anthropologiques, politiques, d’aménagement du territoire, etc., largement tributaires des valeurs et des préférences de notre société maritime actuelle et à venir, doivent également être au cœur des réflexions et des actions pour veiller à la qualité de vie, au bien-être, à la vitalité et à la santé durable des communautés contribuant au développement maritime du Québec.

Surveillance, sûreté et sécurité maritime

Un environnement maritime sécuritaire implique que les niveaux de risque associés aux opérations maritimes soient suffisamment faibles pour en assurer la pérennité. Que ce soit dans l’écosystème du Saint-Laurent ou dans l’Arctique, le territoire maritime québécois et son littoral sont soumis à des conditions particulièrement difficiles, en raison du couvert de glace, des variations complexes du niveau d’eau, de la bathymétrie ou encore des aléas météorologiques accentués par la crise climatique. Ces conditions imposent l’adoption de méthodes, de cadres et de pratiques particulièrement efficaces d’identification, d’évaluation, de suivi et de prévention des facteurs de risques par une multitude d’acteurs et de parties prenantes. La notion de risque est, ici, prise au sens large, et prend en compte autant les aspects écologiques, technologiques, légaux, économiques, politiques que sociaux. Ce thème de recherche couvre ainsi des enjeux aussi divers que la santé et la sécurité des personnes, la protection de l’environnement, la surveillance des installations et des infrastructures maritimes, et ce, pour l’ensemble des activités maritimes incluant, mais ne se limitant pas à la navigation, l’exploitation des ressources et le tourisme.

Transport maritime durable et intelligent

Avec sa zone côtière maritime longue de plus de 13 000 kilomètres incluant une portion non négligeable de navigation arctique et une voie navigable unique qu’est le Saint-Laurent, une des principales voies de pénétration naturelle vers l’intérieur du continent nord-américain, le Québec est l’hôte d’une activité maritime et portuaire d’envergure internationale. En effet, le trafic portuaire sur le Saint-Laurent totalise plus de 110 millions de tonnes dont environ les trois quarts s’inscrivent dans un trafic international. Ce flux important de navires, tant commerciaux que touristiques ou de pêche, et les activités terrestres associées (logistique portuaire, transport ferroviaire et routier, etc.), amène le Québec à mettre en œuvre des politiques, pratiques habilitantes et solutions technologiques lui permettant d’assurer un développement durable et intelligent de ces activités économiques d’importance tout en cherchant à minimiser les risques et les impacts environnementaux. Cette thématique de recherche concerne tout autant l’analyse et l’amélioration des processus et des procédés existants, dont notamment au sein des réseaux logistiques étendus le long du continuum mer/port/arrière-pays, que le développement de nouvelles technologies et pratiques source de compétitivité et de durabilité, tout particulièrement en regard de la crise climatique.

Ressources et économie maritime durable

Le système maritime et les milieux côtiers sont une source de richesse pour la société québécoise. Regorgeant de ressources inestimables et diversifiant les usages de ses voies navigables, le Québec maritime s’illustre et pave le chemin à des initiatives engagées pour faire face à l’urgence climatique. Les avancées en recherche de cette thématique sont nombreuses et visent tant les ressources énergétiques (hydrocarbures, marée, éolien), bioalimentaires (p. ex. algues, poissons, crustacés, mollusques, mammifères), sous-marines (épaves, paysages), utilisables pour le bien de la santé humaine (p. ex. oméga-3, polyphénols) et comme matériaux biosourcés (p. ex. chitine), ou plus globalement le milieu maritime lui-même comme vecteur de développement économique durable (transport maritime, croisières, loisirs nautiques, paysages, etc.). Réfléchir autrement et collectivement à l’amélioration des processus, des approches et des technologies, ou encore explorer les ressources maritimes émergentes sont autant de façons d’innover. La mise en valeur du potentiel des ressources et des services écosystémiques passe nécessairement par une meilleure connaissance et valorisation de celles-ci tout en optimisant leur utilisation selon le concept de l’économie circulaire, un modèle mieux adapté aux défis actuels tant de l’industrie maritime que des communautés humaines. L’économie écologique étudiant l’interdépendance et la coévolution entre les sociétés humaines et les écosystèmes dans le temps et l’espace est également d’une grande importance pour le Québec. Offrir une capacité de recherche et un soutien accru à la durabilité de la filière maritime est gage de prospérité et façonne les retombées positives sur les plans sociaux, économiques et environnementaux tout en favorisant une utilisation équitable de la ressource.

Élaboré pour la première fois en 2017, ce cadre scientifique se veut évolutif et fédérateur. Un processus est en place afin d’identifier les enjeux maritimes prioritaires et d’actualiser la stratégie scientifique afin de mieux répondre aux besoins du milieu.